- 19 maisons dans une copropriété horizontale en 1975
- Roquebrune à Gages commune de Montrozier
- Architectes : J.Hondelatte, JC. Duprat, M. Fagart , Bordeaux
- Surfaces habitables de 90 à 140 m2 – Annexes de 40 à 60 m2 – 7 variantes
- Terrain : 750 m2 privatifs / copropriétaire – 4,5 ha de terrain collectifs
- Coût à titre d’exemple : 146 m2 habitables et 60 m2 annexes – 170 000F TTC en 1975
Depuis leur construction en 1975, les 19 maisons individuelles du lotissement de Roquebrune ont conservé un aspect futuriste et demeurent de bons exemples d’intégration et d’architecture bio climatique.
> Voir ici le contexte du projet de lotissement
Un projet commun
Ce projet commun d’envergure génère des économies importantes pour les maîtres d’ouvrages sur l’ensemble des postes :
- Le travail des architectes : ils conçoit à partir d’un “modèle” unique 7 déclinaisons de maisons.
- Les entreprises de construction : elles interviennent durant plusieurs semaines sur un même lieu pour un chantier plus rentable.
- Les matériaux sont acquis par les entreprises en grande quantité et donc avec des tarifs de gros et une livraison simplifiée.
- Les futurs habitants sont aussi leur propre promoteur et économisent donc un intermédiaire.
« les architectes : des gens qui nous aident à réfléchir sur la conception du projet que l’on voulait réaliser » Un habitant de Roquebrune
Implantation et intimité
Le terrain est parsemé de nombreux rocs calcaires et sa topographie est complexe. Les maisons sont alignées en ligne de crête et implantées entre les rochers. En utilisant le potentiel du site, en s’adaptant au terrain naturel, les architectes arrivent à créer de l’intimité sans clôtures ni haies. L’absence de limites accentue l’impression d’espace. Les rocs sont autant de recoins, formidable terrain de jeux pour les enfants.
« Intégrer les maisons au paysage et garder le terrain le plus naturel possible »
Comme une grotte
D’aspect cubique, le côté nord est incliné alors que la façade sud est verticale. L’ensemble est recouvert d’ardoise (à l’origine de l’acier corten était prévu – voir plus bas) pour donner l’apparence d’un bloc sombre posé entre les “roches brunes” : les roches calcaires omniprésentes sur le terrain.
L’intérieur est conçu avant les façades. L’espace de vie a la priorité sur l’objet architectural. Il est essentiellement tourné vers le sud et l’espace naturel, « à la façon des grottes », très abrité du nord et ouvert sur le sud.
Les 7 modèles de maisons sont conçus en déclinaison avec des façades différentes. Le plan s’adapte aux souhaits de chaque famille et à la topographie du lot.
Sur le terrain nu, elles ont une apparence massive. Alignées sur la ligne de crête, l’acceptation par la population locale est difficile. “Les blockhaus” c’est ainsi que l’on en parle en 1975. Aujourd’hui, les plantations ont grandi et les maisons s’intègrent parfaitement entre les rocs et les arbres.
« Les gens sont disposés à accepter une nouvelle forme quand ils comprennent la relation entre la forme et le contenu » Peter Zumthor, architecte
Intérieur
Une fois à l’intérieur, la sensation de protection par rapport au nord, au froid, et au vent (600 m d’altitude) est perceptible. La pièce de vie s’ouvre largement au sud, la vue sur la vallée est cadrée par les rochers et la végétation. Le rampant de toit crée des espaces plus intimes et les chambres à l’étage sont desservies par une coursive balcon qui surplombe l’espace séjour.
Des maisons bioclimatiques
Le volume compact limite au maximum les déperditions d’énergie. L’exposition au sud optimise les apports naturels de chaleur et de lumière alors que le côté nord est presque totalement aveugle. Une architecture bioclimatique bien pensée, une décennie avant que le terme fasse son apparition. Dans un soucis économique, l’isolation de l’enveloppe est aussi 2 fois supérieure à la moyenne de l’époque.
Construction :
- Soubassement en béton banché
- Murs en blocs agglomérés de ciment,
- Bardage ardoises
- Dalle béton avec isolation incorporée
Acier Corten 40 ans avant le musée Soulages de Rodez
La question de l’intégration visuelle dans ce chaos rocheux se pose dès le départ. L’habillage de la façade, le bardage, était prévu en acier Corten (plaques de 1m x1m) pour prendre la teinte par oxydation des « roches brunes». En 1974 le prix de l’acier a été multiplié par 4 d’où le choix de l’ardoise en bardage qui se révèle plus économique.
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Photos : Jaques Hondelatte, CAUE de l’Aveyron, Patrick Goulet.