- Copropriété à l’horizontale de 19 habitations – 1975
- Roquebrune à Gages commune de Montrozier
- Architectes : J.Hondelatte, JC. Duprat, M. Fagart , Bordeaux
- Surfaces habitables de 90 à 140 m2 – Annexes de 40 à 60 m2 – 7 variantes
- Terrain : 750 m2 privatifs / copropriétaire – 4,5 ha de terrain collectifs
- Coût à titre d’exemple : 146 m2 habitables et 60 m2 annexes – 170 000F TTC en 1975
19 maisons construites dans les années 70 forment un projet collectif de lotissement initié par ses propres habitants ayant choisi un mode de vie différent des standards. Sans clôtures, sans limites, où les espaces communs occupent une plus grande superficie que les privatifs. Du site émergent de nombreux rocs calcaires et les architectes vont utiliser cette contrainte pour donner son cachet au lotissement de Roquebrune.
Un projet collectif d’habitat individuel
Le projet de lotissement de Roquebrune est né dans les années 70 de l’envie d’un groupe d’amis de définir ensemble un projet d’habitat collectif personnalisé. Ils souhaitent habiter à l’écart de l’agglomération ruthénoise et profiter de l‘espace offert par le territoire rural avoisinant. La mise en commun des moyens et l’absence d’intermédiaire doit aussi aider à répondre aux contraintes économiques de ces jeunes familles. C’est à proximité du village de Gages que les 19 foyers volontaires finissent par trouver un terrain de 6ha propice à accueillir leur projet. C’est un pâturage caussenard, une pelouse sèche exposée au sud, en surplomb des terres agricoles de la vallée de l’Aveyron, face au massif forestier des Palanges.
Jeunes architectes créatifs rencontrent porteurs de projet motivés
Le programme englobe la réalisation de 19 habitations sur ce terrain rocailleux tout en tenant compte des principes de vie commune souhaités par le groupe. Ce sont trois jeunes architectes et urbaniste Bordelais qui sont sélectionnés pour ce projet : Jacques Hondelatte et ses associés Jean-Claude Duprat et Michel Fagart. L’échelle du projet motive les architectes pour trouver une proposition innovante. De nombreux échanges sont nécessaires et les relations humaines sont au centre de la définition du projet. Des visites d’opérations similaires permettent aux futurs habitants de percevoir la qualité d’habitat que ces architectes peuvent leur apporter.
Une copropriété de 6 ha pour 19 maisons.
Le projet tient compte des qualités intrinsèques du site : un rebord du Causse Comtal, en surplomb de la vallée de l’Aveyron. Installées en ligne de crête, les 19 maisons s’ouvrent plein sud avec une vue sur la plaine agricole et la forêt des Palanges. Les jardins privatifs aux abords des maisons ne sont pas clôturés. Les limites seront simplement dessinées autour des maisons avec des lots égaux d’environ 700m2.
A partir de la rupture de pente, la plus grande partie de la parcelle au sud est utilisée comme un jardin commun. Au nord, la route de 3,5 m de large, sans bordure ni trottoir, distribue les accès (garage et entrée) et les espaces collectifs attenants : stationnements collectifs, étendoirs à linge et jeux d’enfants.
Le statut des espaces s’adapte au projet « social » voulu par le groupe d’habitant. Défini juridiquement dans un règlement de copropriété, il se distingue en espace exclusif, privatif ou collectif :
- Le droit d’usage exclusif comprend le sol d’assiette de la maison, la voie d’accès ainsi que la terrasse.
- Les parties privatives comprennent pour chaque lot la totalité des aménagements qui composent la maison individuelle et son jardin.
- L’entretien des espaces communs est à la charge de l’ensemble des copropriétaires : route, éclairage, jardin, jeux d’enfants, réseau d’eau potable … En 2008 il s’élevait à 300€ par an et par foyer.
Ce projet est une alternative au lotissement conventionnel. Il est remarquable par son adaptation au terrain naturel et la distribution de l’espace privé et collectif qu’il propose. Ici, sans le savoir on expérimente déjà dans les années 70 l’écologie et l’urbanisme durable.
Jaques Hondelatte reçoit le Grand prix national de l’architecture en 1998. Les maisons de Roquebrune sont une de ses premières réalisations. Inconnu du grand public Hondelatte est pourtant un créateur culte pour bon nombre de ses confrères. Enseignant et architecte, certaines de ses réalisations sont aujourd’hui classées au patrimoine du XXième siècle :
– Les maisons Artiguebieille, Fargues, Sécherre (saint-Aubin de Médoc) ou Cotlenko
– l’internat du Lycée Gustave Eiffel de Bordeaux
– l’aménagement du centre-ville de Niort
– Le Centre d’études techniques du sud-ouest
– École Goubet (Paris)
Liens :
> Télécharger le carnet de visite
Photos par Jaques Hondelatte, Patrice Goulet et le CAUE de l’Aveyron