Un village de fond de vallée
Le village de la Rouquette est une ancienne forteresse du 13ème siècle, en témoigne la tour qui caractérise sa silhouette.
Il est situé dans la vallée de l’Assou, en zone inondable et s’est établi en début de versant, à l’abri des inondations. Il subit une désaffection avec l’urbanisation récente qui se concentre sur les hameaux situés en périphérie de Villefranche-de-Rouergue ainsi qu’avec le déplacement de l’école à Trigodinas.
Les élus de La Rouquette ont décidé de retravailler leur coeur de village pour lui redonner une certaine attractivité. Le processus a commencé avec le travail du C.A.U.E. sur le diagnostic du site, qui a permis de définir les enjeux.
L’eau est l’élément identitaire de ce village de vallée.
La rivière constitue la colonne vertébrale du village, doublée par l’axe de la départementale. Deux ponts permettent de relier les deux parties du village. Malgré le cadre bucolique qu’elle propose, elle est peu mise en valeur depuis la rue et les ponts, elle est notamment cachée derrière des plantations.
Au-delà de la rivière, l’eau est présente dans le village depuis la source en passant par le lavoir, un petit canal et le puits de la mairie. La source provient du réseau souterrain karstique du causse qui ressort ici sous forme de résurgence. Il s’agit probablement d’une des raisons de la construction du village à cet endroit précis.
La qualité des sols
Le bitume est omniprésent sur le site. Organisé pour la voiture, l’espace à l’avant des équipements (mairie, salle de fête) est un parking, la plupart du temps vide.
On retrouve cette matérialité dans certaines petites rues du village, où peu de voitures passent. Cette rue (ci-dessous) ne dessert aujourd’hui plus qu’une ferme. Cette matérialité n’est pas adaptée à la faible présence de voitures et participe à la perte de qualité et à l’imperméabilisation des lieux.
Un projet frugal
Le budget modeste imposé a mené à des choix modérés. Les concepteurs ont pensé le «ménagement de l’espace et non son aménagement». Les interventions se concentrent sur quelques espaces essentiels du point de vue des usages et du patrimoine lié à l’eau. Le projet s’appuie sur 3 éléments marquants du village : la pierre, l’eau, la végétation. Le circuit court a été privilégié, toutes les entreprises retenues sont implantées à moins de 40km du chantier.
Le projet a été retenu parmi les 22 réhabilitations inspirantes en Occitanie (Architecture frugale).
Ménager des places
Sur la rive droite de l’Assou, une place piétonne (1) unit désormais les équipements publics et patrimoniaux : église, mairie et salle des fêtes. Cette dernière profite de la réouverture du ruisseau, permise grâce à la simplification des plantations le long de la rive. Plusieurs arbres ont aussi été plantés.
Au centre de la partie historique, un jardin prend la place d’un bâti en ruine (2). Les aménagements sont réalisés avec des matériaux simples, d’origine locale, perméables et faciles à entretenir : sable calcaire pour la place et les cheminements, pierre du Causse pour le pavage, moellons tirés d’une ruine du village pour les murets bordant le ruisseau
Un travail sur la gestion de l’eau …
La berge a été retravaillée de manière à lui redonner un lien avec la place. La canalisation de l’eau présente sur la partie historique du village (2) est rendue visible, et mise en scène au pied de la tour historique. Ces choix permettent de valoriser le chemin de l’eau dans le village.
… et la topographie du lieu.
Le projet respecte la topographie et minimise les terrassements et l’impact sur les sols. Le niveau de la place est repris par un petit muret en pierre, ce qui permet de redéfinir un espace à l’arrière de la salle des fêtes.
De même, l’espace formé par le jardin terrasse est surélevé et maintenu par un mur de soutènement. La pierre utilisée est tirée de la ruine sur laquelle le jardin s’implante.
Un stationnement repensé.
La place de la voiture a également été questionnée. Le stationnement a été pensé de manière à être moins mis en avant et hiérarchisé :
- Un parking permanent qui s’installe derrière la salle des fêtes (3) et sert aux ateliers municipaux.
- Un stationnement occasionnel dans un «pré-berge» en herbe renforcée. Ce choix permet de ne pas dénaturer l’espace et de conserver un sol perméable.
Pour en savoir plus sur le stationnement enherbé cliquez ici
- Maître d’ouvrage : Commune de La Rouquette / Thierry Serin, maire et élus municipaux
- Date de réalisation : 2021
- Montant des travaux : 520 971€
- Maître d’oeuvre : Alain MARTY (architecte) et Guillaume LAIZÉ (paysagiste)
- Périmètre d’intervention : 9 000 m2
- Entreprises : Grégory (VRD),
- Gbidat (maçonnerie),
- Phalip (aménagements paysagers)